Le ventilation, la nutrition, la déglutition et la mastication sont des fonctions vitales.
La ventilation
La ventilation est la première fonction vitale : dès la naissance, elle doit être nasale. La ventilation nasale permet de réchauffer, humidifier et filtrer l’air entubé. Elle permet la régulation thermique du cerveau.
L’os maxillaire (mâchoire supérieure) est un os ventilatoire avant d’être un os manducateur (de mastication).
Si un obstacle (déviation de la cloison nasale, végétations, rhinites allergiques, succion etc…) entrave le passage de l’air par le nez, la ventilation devient orale par compensation et une nouvelle posture linguale s’installe pour dégager les voies respiratoires : position de la langue vers l’avant et le bas au lieu d’être positionnée au palais. Cela entraîne une dysmorphose maxillo-faciale.
Conséquences de la ventilation orale :
- Sur la posture : hyperextension céphalique, langue avec une posture basse et antérieure.
- Sur la santé générale et dentaire : troubles du sommeil, gingivite, troubles du comportement.
- Sur la morphologie faciale : hyperdivergent, endoalvéolie maxillaire.
- Neuromusculaires : hypotonicité labiale.
La mastication
La mastication est la phase initiale de la digestion. Elle doit être unilatérale alternée et attritionnelle (usure des dents qui frottent les unes contre les autres), ce qui va permettre le développement transversal (en largeur) du maxillaire.
Conséquences d’un déficit de mastication :
- Usure dentaire unilatérale.
- Croissance asymétrique des mâchoires.
- Hypotonie des muscles masticateurs entraînant une arcade mandibulaire (mâchoire du bas) en retrait (postérieure) et diminuant la stimulation de la croissance maxillaire.
La déglutition
La déglutition dysfonctionnelle ou atypique est la succion après l’âge de deux ans. Cela va entrainer une perturbation de la croissance due à la pulsion de la langue et aux contractions musculaires. La phonation est souvent perturbée.
Conséquences :
- Absence de stimulation de la croissance transversale de la voute palatine (du palais).
- Déséquilibre musculaire.
- Compression méniscale de l’ATM (articulation des deux mâchoires).
- Blocage de la croissance sagittale (d’avant en arrière) de la mandibule.
Dans quel ordre rééduquer les fonctions altérées ?
- Assurer la reperméabilisation de la filière nasale (bon passage de l’air par le nez) et la réhabilitation de la ventilation nasale, bouche fermée : il faut parfois consulter l’ORL.
- Rééducation de la posture linguale uniquement.
- Rééducation de la déglutition.
- Rééducation des mouvements masticatoires.
- Rééducation de la phonation.
Lorsque les fonctions oro-faciales sont altérées, il y a une « déviation » de la croissance faciale. La position des dents ne sera qu’une conséquence de ces déviations de croissance faciale. Toute la croissance et l’état général de l’enfant vont être perturbés.
Qu’est-ce que l’éducation fonctionnelle ?
C’est aider le petit patient par l’intermédiaire d’un dispositif intra-buccal amovible souple, à améliorer sa dysmorphose dento-faciale au niveau de :
- Ses dysfonctions oro-faciales.
- Ses déviations de croissance des mâchoires.
- Son encombrement dentaire.
C’est un traitement précoce et interceptif, non invasif et qui va faciliter le traitement en dentition permanente (à l’adolescence). Il intervient tôt, dès 4 ans. Le patient doit être acteur de son traitement.
Objectifs de l’éducation fonctionnelle
Objectifs physiologiques
- Améliorer la posture de la langue au repos et en fonction.
- Permettre la ventilation nasale.
- Supprimer les contraintes musculaires imposées par les dysfonctions.
- Déverrouiller les ATM.
Objectifs orthopédiques
- Permettre à la croissance de s’exprimer sans contraintes.
Objectifs psychologiques
- Permettre un pré-alignement dentaire et améliorer le sourire de l’enfant.
- Lui apporter un mieux être global.
Le dispositif
C’est une double gouttière maxillaire et mandibulaire :
- Qui présente des écrans externes (vestibulaires) et internes (linguaux) qui vont guider la langue et étirer les tissus gingivaux.
- Qui libère le couloir dentaire de toutes les interférences musculaires.
l’EF (éducateur fonctionnel) va donc agir :
- Par l’apprentissage d’une posture linguale haute (au repos et en fonction)..
- Par une fermeture labiale spontanée (acquisition de la ventilation nasale / amélioration de la dimension transversale du maxillaire).
- Par la surélévation postérieure, à la libération de la croissance de la mâchoire du bas.
- Par la mise à distante des contraintes musculaires à un pré-alignement dentaire.
Les conséquences cliniques seront la libération des voies aériennes supérieures, l’amélioration de la qualité du sommeil (thermorégulation cérébrale), la normalisation de la croissance des mâchoires supérieure et inférieure et l’amélioration de la mastication.
Gestion des rendez-vous
1er rendez-vous : Pose de l’éducateur fonctionnel (EF) et explications des exercices, de la durée de port et de l’hygiène.
2ème rendez-vous : Un mois après la pose, contrôle des exercices et du temps de port.
Les 3 rendez-vous suivants sont espacés de 3 mois : contrôle et photos endobuccales, face et profil.
Réévaluation après 12 mois avec exposé des résultats.
Les exercices nécessaires à l’éducation fonctionnelle
- Je place mon EF de façon à retrouver le milieu de l’appareil : je serre les dents une fois l’EF bien placé. Le placement se fait devant un miroir les trois premiers jours de port.
- Je ferme les lèvres et je fais la bouche « gorille » c’est là que se fait le contrôle parental. L’enfant qui parle ou fait des grimaces avec son appareil ne fait pas bien ses exercices.
- Je respire par le nez d’où l’importance de se moucher. Je ne porte pas mon appareil la nuit en cas de gros rhume.
- Je plaque la langue contre le palais à chaque fois que je dois avaler la salive.